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D'un volume
exceptionnel, les recherches orchestrées par ce directeur
de recherche au CNRS, âgé de quarante-cinq ans et responsable
du laboratoire " Ecologie microbienne " à l'université Claude-Bernard
Lyon 1, à Villeurbanne, portent sur l'organisation et le rôle
des peuplements microbiens dans les milieux naturels, ainsi
que sur leur fonctionnement métabolique et moléculaire.
"Mon travail personnel, au cours des dernières années, a surtout
concerné une symbiose racinaire entre l'actinomycète Frankia
(un microorganisme responsable d'une part majeure des entrées
d'azote dans les écosystèmes terrestres) et différentes plantes
pionnières ligneuses", explique-t-il. Premier des thèmes poursuivis
par cet écologiste microbien de très haut vol : comprendre
quels étaient les plus proches voisins phylétiques de Frankia.
"Nous nous attendions à ce qu'il s'agisse de bactéries du
sol à la morphologie proche. Or, les différents marqueurs
que nous avons développés et utilisés nous ont conduits jusqu'à
Acidothermus cellulolyticus, une bactérie isolée de sources
thermales du parc Yellowstone, aux Etats-Unis, qui présente
la caractéristique d'être thermo- acidophile et de posséder
une cellulase thermostable".
Etape suivante : comprendre les mécanismes de cette symbiose.
"Après avoir tenté d'isoler les gènes impliqués par une approche
génétique classique, nous avons cherché à caractériser les
premières étapes de cette interaction par l'analyse des protéines
surexprimées en présence d'exsudats racinaires de la plante-hôte.
Nous avons pu montrer que la synthèse de protéines de stress
était la première réaction chez la bactérie".
Concernant le rôle écosystémique de Frankia, l'équipe de Philippe
Normand, en cheville avec Isabelle Navarro, de l'Institut
de recherche pour le développement (IRD), s'intéresse aux
Gymnostoma symbiotiques, qui comptent parmi les seules plantes
capables de repousser sur les sols ultramafiques (c'est-à-dire
riches en métaux lourds, comme le nickel) : "nous cherchons
à comprendre les modifications apportées à la structure des
sols et quelles sont les successions de microorganismes à
l'origine des séquences de revégétalisation, notamment en
Nouvelle-Calédonie".
Et de se féliciter que la dynamique créée dans l'ensemble
de l'unité autour de ces approches ait nourri une réflexion
sur la caractérisation de la diversité bactérienne, et accéléré
la mise au point de techniques utilisant l'ADN extrait globalement
du sol pour caractériser les changements dans la composition
des communautés microbiennes, en collaboration avec Xavier
Nesme de l'Institut national de la recherche agronomique.
Sans oublier l'utilisation commerciale de l'ADN extrait directement
du sol pour rechercher en particulier les gènes de biosynthèse
de composés antimicrobiens, qui a permis à un doctorant du
laboratoire, Renaud Nalin, de démarrer une start-up.
Expert
auprès de nombreux organismes internationaux, Philippe Normand
est l'auteur de quatre-vingts publications dans les meilleures
revues.
Unité "Ecologie microbienne" CNRS - Université Claude-Bernard
Lyon 1
(source : site web du CNRS - Département
des Sciences de la Vie)
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