L'incubateur CREALYS a été créé en 1999 suite à la promulgation de la loi sur l'innovation. Son métier : accompagner les porteurs de projets technologiques, de l'idée jusqu'à la création d'entreprise.

Quel est le rôle exact d'un incubateur comme CREALYS ?

Pascal NIEF : Les incubateurs d'entreprises sont nés suite à la loi sur l'innovation en 1999. Au nombre d'une trentaine en France, leur rôle est de transformer la création de connaissances issues des laboratoires de recherche publique en création de valeur.

CREALYS intervient donc dans un secteur très particulier : l'accompagnement des porteurs de projets en vue de la création d'entreprises technologiques, en collaboration étroite avec les laboratoires publics de recherche du Rhône, de la Loire et de l'Ain. Ces entreprises sont des acteurs essentiels dans le renouvellement de notre tissu entrepreneurial, aussi bien en termes de création de richesse que de nouveaux emplois à forte valeur ajoutée.

Que faut-il faire pour bénéficier du soutien de CREALYS ?

Pascal NIEF : Nous procédons par étape. La première, liée à l'opportunité, est primordiale : faut-il créer une entreprise, ou au contraire, envisager un transfert de technologie (une cession de brevet ou une concession de licence) ? Le porteur de projet doit être issu d'un laboratoire public ou avoir la volonté de collaborer avec un laboratoire.

Autre point : mon projet est-il conforme du point de vue réglementaire?

Ensuite, un comité d'agrément composé d'investisseurs, d'institutionnels, d'industriels et de scientifiques donnent ou non leur feu vert.


Et là comment se réalise concrètement l'accompagnement de ces porteurs de projets ?

Pascal NIEF : CREALYS se distingue par sa méthodologie et sa philosophie. Une approche classique d'adéquation produit/marché nous semble peu appropriée. Il s'agit bien souvent d'innovations de rupture qui vont bousculer les habitudes des clients ou des usagers. Aussi, nous privilégions une approche " métier ", avec la réalisation d'étude stratégique et la construction de modèle économique. Cette démarche nécessite une forte implication du porteur de projet, bien souvent un scientifique. Expert dans son domaine, avec une vision internationale, il permet d'envisager des perspectives d'application plus larges qu'un profane.

CREALYS dispose, par ailleurs, d'une palette d'outils concrets et adaptés : aide aux laboratoires-supports, bourses pour les jeunes diplômés, aides à la formation des créateurs et validation du modèle économique du projet. La convention signée depuis un an avec l'INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) permet aux porteurs de projets d'évaluer les risques, de réaliser des diagnostics stratégiques par pays ou encore se former.

CREALYS, c'est aussi un réseau d'experts dans de nombreux domaines (industriels, gestionnaires, financiers et scientifiques) et d'acteurs de l'innovation à l'échelle régionale. Il peut intervenir pour l'hébergement provisoire de l'entreprise, pour orienter les créateurs vers différentes sources de financement (fonds d'amorçage, business angels) ou encore pour valoriser leurs projets lors d'évènements (Capital Link à Lyon, ou le forum "4i" à Grenoble).

Quel est le profil des porteurs de projets accompagnés par CREALYS ?

Pascal NIEF : 30% d'entres eux sont des chercheurs des laboratoires de recherche publique, 46% des cadres de départements R & D de grands groupes, et 24% de jeunes diplômés. Les domaines d'activités concernés sont principalement les sciences pour l'ingénieur (38%), les sciences de la vie (31%), les TIC (24%) et les sciences humaines et sociales (7%).

Après la vague de créations liées à la promulgation de la loi sur l'innovation de 1999, combien d'entreprises sont créées en moyenne par an ?

Pascal NIEF : CREALYS incube 15 à 20 projets par an pour 12/13 créations par an. Depuis sa création, CREALYS a accompagné 128 projets et permis la création de 63 entreprises. Avec un recul de 5 ans, on peut dire que le taux de survie de ces entreprises est excellent avec 90%. Toutefois, nous sommes confrontés à deux défis : améliorer la détection de projets innovants au sein des laboratoires et permettre un meilleur accès au financement pour les seconds tours de table.

Et concernant les créations issues du Domaine Scientifique de la Doua sur lequel vous êtes implanté ?

Pascal NIEF : Si l'on regarde les statistiques, près d'un tiers des créations sont issues d'une collaboration avec les laboratoires du Domaine Scientifique de la Doua. Les champs d'intervention (santé, chimie, physique, environnement, thermique, TIC,…) reflètent la variété des compétences présentes. La dernière création est dans le domaine des TIC. Embedia développe des systèmes embarqués, brevetés, qui rendent interactifs les supports d'information, comme par exemple des panneaux d'affichage. Ce projet est en lien avec le laboratoire CITI* de l'INSA de Lyon, qui est associé à l'INRIA.

* Centre d'Innovation en Télécommunications et Intégration de services