Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Interview :
 
VIE DES ENTREPRISES

Interview
 
 
Pierre TOULHOAT , Chef de projet de l'Institut des Sciences Analytiques


Activité : centre de recherche, d'expertise, de service et de formation en analyses chimiques : environnement, santé, agroalimentaire, biotechnologies, chimie et procédés
 
 
 

Traçabilité des OGM, analyse des effluents industriels, urbains ou agricoles, qualité et sécurité alimentaire, identification des criminels, dopage des sportifs, découverte de nouveaux médicaments ... La société est confrontée à des défis chaque jour plus nombreux pour lesquels la chimie analytique a un rôle essentiel à jouer et se doit d'innover.

Avec la création de l'Institut des Sciences Analytiques à proximité immédiate du Domaine Scientifique de la Doua, l'agglomération lyonnaise disposera à terme du plus grand centre de chimie analytique à l'échelle européenne.

Quel est le concept de l'Institut des Sciences Analytiques ?

Pierre TOULHOAT : Les grands objectifs de l'Institut des Sciences Analytiques sont de préparer les méthodes analytiques de demain, en investissant dans des disciplines "amont" (chimie, physique, spectroscopie, électrochimie...), et de développer des méthodes analytiques, l'instrumentation, l'expertise et les référentiels qualité qui sont au coeur du métier d'analyste.

L'Institut des Sciences Analytiques a une position particulière dans le paysage français : il propose à la fois des activités de service et prestations, et des activités de recherche qui viennent s'enrichir mutuellement. Il s'est fixé pour mission d'intervenir dans le domaine de la formation initiale et continue, et prône le transfert de son savoir-faire analytique vers le secteur économique.

Sur le plan de la recherche, l'institut regroupe des équipes existantes qui, en s'associant et en coordonnant leurs actions, vont atteindre la masse critique nécessaire à une lisibilité nationale et internationale, en étant positionné sur des thématiques de Recherche et Développement liées aux grands enjeux sociétaux de l'environnement, de la santé et du développement technologique.

En environnement, il s'agit de mettre au point des outils d'analyse de traces de polluants dans tous les milieux (eau, sol, milieux biologiques), et de développer les concepts permettant de comprendre le comportement des polluants (migration, toxicité...). Depuis plusieurs années, on assiste à une explosion des demandes en provenance des pouvoirs publics mais aussi des industriels. L'Institut des Sciences Analytiques disposera d'un laboratoire dédié à ces questions.

L'autre thème, regroupé sous le terme de bio-analytique, comprend la mise au point de méthodes d'analyses relatives aux milieux biologiques, à la santé, et à l'agroalimentaire. Les laboratoires constitutifs de l'Institut des Sciences Analytiques, et notamment le Service Central d'Analyse du CNRS, jouissent déjà d'une réputation notable dans ce domaine. Des efforts particuliers seront entrepris dans le domaine du cancer.

Le dernier point concerne le soutien et le développement de méthodes destinées à mieux contrôler et maîtriser les processus industriels (minimisation des effluents, sobriété, ...) dans les domaines de la chimie, de la pharmacie, des matériaux et de l'énergie. La relation avec les grands groupes pétroliers est active et va encore se développer.

On parle beaucoup d'innovation en sciences analytiques, quels sont les enjeux actuels ?

P. T. : La chimie analytique est en train de vivre la même révolution que celle des nanotechnologies, révolution entamée par l'électronique il y a 30 ou 40 ans.

Le développement de microsystèmes analytiques permet d'espérer des gains substantiels en productivité et des débits analytiques bien supérieurs. Des systèmes à bas coût et parfois jetables ont déjà vu le jour. La miniaturisation et des techniques aussi complexes que la spectrométrie de masse ont une réalité à l'échelle du laboratoire. Ainsi des appareils qui occupaient la moitié d'une pièce tiennent maintenant dans une boîte d'allumette. A terme on peut envisager de munir de ces microsystèmes analytiques des véhicules, des lignes de procédés... avec un contrôle ou une régulation du fonctionnement en temps réel tout en minimisant les nuisances pour l'environnement.

Un autre défi est l'analyse au coeur des systèmes en fonctionnement, qu'ils soient biologiques ou industriels - in vivo ou in operando -. Le but est de permettre une mesure des paramètres de fonctionnement de ces systèmes sans les perturber. Le développement de micro ou nanocapteurs, l'apparition de systèmes analytiques traitant de nanoéchantillons concourent à espérer relever ce défi.

Que va apporter l'Institut des Sciences Analytiques aux industriels ?

P. T . : Dès l'idée de la création de l'Institut des Sciences Analytiques, les industriels, et notamment les grands groupes, se sont déclarés motivés à soutenir cet institut. Ils y trouveront matière à un partenariat stratégique dans leur politique de développement long terme.

Différentes formes de collaboration sont possibles : contribution aux investissements pour des équipements lourds, financement de bourses de thèses, contrats de post-doctorants, détachement de personnels, voire même association par le biais d'une convention particulière avec l'institut.

Par ailleurs, en tant que plate-forme technologique rassemblant des équipements de haut niveau, il est prévu un accès aux industriels, et notamment aux PME - PMI. Dans certains domaines spécifiques où l'analyse joue un rôle important (drug discovery par exemple), des associations plus étroites avec des PME-PMI sont envisageables.

De plus, l'Institut des Sciences Analytiques a une vocation de prestataire de service en analyse dans des milieux et domaines très variés.

Enfin, l'institut souhaite contribuer à la formation initiale et permanente (ou continue) dans son domaine. Des personnels interviendront directement dans la mise au point d'enseignements, notamment pour des masters professionnels et de recherche en chimie analytique. Les activités de formation permanente déjà très développées seront regroupées et optimisées au sein de l'Institut, l'ensemble du parc analytique permettant des démonstrations et la mise en situation des stagiaires.

Comment va se mettre en place concrètement ce projet ?

P. T . : Le projet est porté par le CNRS et l'Université Claude Bernard Lyon 1. Le Cemagref aura un laboratoire commun dans le cadre de l'institut, et l'ESCPE Lyon interviendra notamment sur les aspects de l'enseignement et de la formation permanente.

Le coût total de l'opération s'élève à 30 M €. Le financement du projet immobilier est assuré pour moitié par la Région Rhône-Alpes et pour l'autre moitié par l'Etat, tandis que le Grand Lyon met à disposition du projet un terrain.

A son ouverture prévue en 2007, l'institut regroupera 150 permanents - des chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et techniciens - auxquels sont à ajouter des stagiaires, des doctorants, des post-doctorants et des visiteurs.
La mise à disposition des équipements les plus sophistiqués au profit de programmes de recherche attirera des scientifiques non seulement d'autres régions de France, mais aussi d'Europe, voire du reste du monde.

Par ailleurs, sur le terrain où sera implanté l'Institut des Sciences Analytiques, sont programmés deux autres projets d'ampleur : le Centre Européen de RMN à très hauts champs et l'implantation du groupement de Lyon du Cemagref. Une maison de l'environnement est également à l'étude. Et il est envisagé, en lien avec le Grand Lyon, qu'une pépinière d'entreprises puisse s'implanter sur ce terrain ou à proximité immédiate.

Ces projets doteront le Domaine Scientifique de la Doua d'une vitrine particulièrement visible dans le domaine des sciences de l'environnement et de l'analyse.

Ils permettront aussi une reconquête du territoire urbain dans la frange Nord de Villeurbanne, avec une redynamisation des commerces et de l'immobilier dans l'environnement proche du site.

 
(18/12/2003)
 
 
> Fiche d'identité du projet
Institut des Sciences Analytiques

Pierre TOULHOAT
Chef de projet

pierre.toulhoat@univ-lyon1.fr

Tél. : +33 4 72 44 81 59
Fax :
+33 4 26 29 90 82