Lancé
au Conseil européen de Lisbonne de mars 2000, le projet d'Espace
Européen de la Recherche a établi un cadre de référence pour
la recherche en Europe. Avec la mise en place du 6ème PCRDT
(Programme Cadre Recherche et Développement Technologique),
couvrant la période 2002 - 2006, l'Europe impulse une structuration
de la recherche à plusieurs niveaux :
- Tout d'abord, elle exerce un rôle important dans la constitution
de " masses critiques " de ressources, notamment dans des
domaines déterminants pour la croissance comme la micro-électronique,
les télécommunications, les biotechnologies ou l'aéronautique.
Pour atteindre cet objectif, le 6ième PCRDT s'est doté de
deux nouveaux outils : les réseaux d'excellence (REX)
et les projets intégrés (PI), correspondant à 80% du
budget alloué. Ils ont un effet structurant sur la recherche
en Europe en aidant au développement de " pôles d'excellence
européens ". Depuis le début du plan, 200 grands réseaux et
projets de recherche transnationaux ont été lancés.
- Elle vise aussi à transformer les connaissances en produits
et services, notamment commerciaux, et en succès économiques.
Dans ce cadre, des outils ont été mis en place pour favoriser
l'implication des PME avec 15% du budget réservé à ces acteurs.
- Enfin, elle joue un rôle dans la diffusion des connaissances
et des résultats, en favorisant la mobilité des chercheurs
au travers des bourses Marie Curie (RHM).
La Doua et l'Europe : une belle illustration
de politique de site
Sur cette première phase de consultation du 6ième PCRDT, les
établissements de la Doua, que ce soient l'Université Claude
Bernard Lyon 1, l'INSA de Lyon, le CNRS, ou l'ESCPE Lyon,
sont fortement impliqués dans le domaine des nanotechnologies,
nanosciences, matériaux et procédés avec 15 contrats en
cours, suivi par le domaine des sciences du vivant, génomique
et biotechnologies (6 contrats en cours), et des technologies
de la société de l'information (6 contrats en cours).
Ils participent aussi à l'échange de connaissances au niveau
européen via la mise en place de bourses Marie Curie.
Une thématique transversale, comme l'environnement,
est un axe fort d'intervention que ce soit sur le plan de
la catalyse, comme par exemple avec le projet intégré Topcombi
pour l'amélioration des procédés dans le cadre d'un développement
durable, ou encore, le projet de recherche ciblé Self Cleaning
Glass qui vise à optimiser la mise en place de verres
autonettoyants ; mais aussi dans le domaine de matériaux plus
respectueux de l'environnement (projet Nanofire concernant
les matériaux polymères résistants au feu), de la qualité
thermique et environnementale des bâtiments (projet Renaissance
avec une application dans le cadre du projet Lyon Confluence),
de la prévention des glissements de terrains et des tremblements
de terre (programme Lessloss).
En novembre 2004, 44 contrats ont été signés ou sont en phase
finale de négociation pour un montant estimatif de 13,8 M
€ alloué par l'Europe au titre du 6ième PCRDT.
S'investir dans les réseaux d'excellence
transnationaux
Sur le plan des réseaux d'excellence, Nanofun-Poly,
dont la vice-coordination est assurée par l'unité mixte Ingénierie
des Matériaux Polymères, rassemble 150 scientifiques dans
un partenariat transdisciplinaire (chimie, physique, science
des matériaux, génie chimique, nano et biotechnologies, sciences
de l'environnement). Son but : devenir un point de référence
européen sur les polymères multi-fonctionnels nanostructurés
et matériaux composites, avec des applications industrielles
attendues dans les domaines de l'électronique, des télécommunications,
de l'automobile et de l'industrie spatiale, en optique, dans
l'agriculture, …
Autre participation, celle au réseau Nano2life. L'objectif
du réseau est de concevoir et de mettre au point des capteurs
intégrés innovants, rapides et orientés vers des applications
comme le diagnostic médical, des vecteurs thérapeutiques actifs,
le contrôle de l'environnement et de la chaîne alimentaire
pour vérifier la présence de pathogènes ou de substances toxiques.
Le laboratoire Enzymes, Membranes Biologiques et Biomimétiques
assure la coordination pour le CNRS en France de ce projet.
Les laboratoires de la Doua sont aussi impliqués dans les
réseaux d'excellence Myores (développement musculaire
et myologie), Sinano (nouveaux dispositifs micro et
nanoélectronique silicium), Impulse (développement
de procédés multi-échelles intégrés) et Idecat (conception
intégrée de matériaux catalytiques dans le cadre d'une production
durable).
Par ailleurs, l'Institut de Recherches sur la Catalyse assure
la coordination nationale du projet Acenet (Applied
Catalysis in Europe Network of Excellence). Cet Eranet associe
11 pays européens. Son objectif est d'établir une coopération
des gouvernements, de l'industrie, des universitaires et des
centres de recherche pour exploiter des technologies de la
catalyse dans l'Espace Européen de la Recherche. Ces technologies
visent, à long terme, une diminution de la consommation d'énergie,
touchent à la production d'hydrogène, à l'exploitation de
la biomasse, à la réduction de la pollution, …
Le centre de calcul de l'IN2P3 participe à Egee (Enabling
Grids for E-Science in Europe). Ce programme, financé à hauteur
de 31 M € sur 2 ans comme partie initiale d'un programme de
4 ans, a pour but de franchir une nouvelle étape en passant
d'une grille informatique expérimentale à une grille opérationnelle
24 heures sur 24 partout en Europe. Le centre de calcul de
l'IN2P3 coordonne la fédération française, et héberge une
des "tours de contrôle" de la grille. Est également associé
à ce programme le laboratoire CREATIS.
Des projets à forte application technologique
Les acteurs de la Doua interviennent aussi sur de nombreux
programmes ciblés de R & D par le biais de projets intégrés,
de Strep, ou encore d'actions de recherche horizontale à destination
des PME. Ainsi le CETIAT, centre technique des industries
aérauliques et thermiques, est associé au programme SHERHPA.
Ce projet, sous le pilotage de l'association GRETH et de l'European
Heat Pumps Association, a pour vocation de développer des
pompes à chaleur pour le chauffage et/ou la production d'eau
chaude sanitaire domestique, performantes et respectueuses
de l'environnement. Il associe 19 PME et 10 organismes de
recherche.
Dans le domaine des nanotechnologies, le laboratoire de Physique
de la Matière Condensée et Nanostructures assure la coordination
du programme Nanopage. Le but de ce programme est d'industrialiser
une technique éprouvée en laboratoire afin de fabriquer des
écrans numériques souples et tactiles de grande dimension.
Ces écrans sont réalisés par assemblage de microtubes cathodiques
(microCRT) déposés sur une nappe souple en polymères. Les
nanotubes de carbone sont utilisés comme cathodes froides.
Le projet NanoBioSaccharides, quant à lui, regroupe
des chercheurs du monde académique - dont l'unité mixte Ingénierie
des Matériaux Polymères - et de l'industrie pour développer
des polysaccharides " bio-inspirés ". Ces recherches devraient
permettre une percée des connaissances en nanobiotechnologies,
et des avancées significatives dans le domaine des matériaux
biomédicaux, du drug et gene delivery, de l'ingénierie cellulaire
et tissulaire.
Cellules Europe, une réponse au professionnalisme
croissant
Les acteurs du Domaine Scientifique de la Doua ont structuré
leurs approches pour répondre aux différents appels d'offre
européens. Cellule Europe, Mission Europe, … quelque soit
le terme employé, ces structures visent à simplifier l'accès
à l'Europe.
Si les démarches administratives se sont beaucoup simplifiées
depuis quelques années, il s'avère que la réponse aux appels
d'offre européens nécessite de bien connaître les pré-requis
des différents instruments du 6ième PCRDT. Ces services permettent
de bénéficier d'un savoir-faire qui s'accroît au fur et à
mesure du temps. Comme le précise Javier Olaiz, responsable
de la cellule Europe d'Ezus-Lyon 1, " la vocation d'une cellule
Europe est multiple : il s'agit d'informer les chercheurs
de nos laboratoires sur les appels d'offre existants et les
aider dans le montage et la gestion de ces projets, mais aussi
d'être une ressource pour les entreprises à la recherche de
compétences scientifiques. De plus, dans une volonté d'offrir
aux scientifiques de l'Université Claude Bernard Lyon
1 plus de moyens pour assurer la coordination scientifique
des projets, Ezus-Lyon 1 leur propose une structure d'assistance
à la coordination administrative". Françoise Martin, Chargée
de Mission Europe à l'INSA de Lyon, ajoute : "cette aide au
montage et à la gestion correspond à un degré d'investissement
variable selon le projet. Ainsi pour un projet d'ampleur comme
Nanofun-Poly, la mission Europe de l'INSA de Lyon est fortement
mobilisée pour assister le laboratoire dans l'administration
du projet". Pour Jean Louis Sourrouille, responsable de la
mission Europe à l'INSA, " au-delà du montage de projets européens,
nos structures doivent résolument contribuer à la création
d'un espace Européen de la recherche ". Nadine Brochet, Chargée
d'Affaires Europe à la Délégation Régionale du CNRS, indique
: "Nous avons sur Lyon une Ingénieur Projet Européen qui intervient
spécifiquement sur les projets que nous avons en coordination.
Ses missions sont d'assister les laboratoires du montage du
projet jusqu'au lancement officiel. L'aide au montage et à
la gestion des autres projets est assurée par le Service Partenariat
et Valorisation de la Délégation".
Le 6ième PCRDT est, par ailleurs, victime de son succès avec
un taux moyen de réussite de 20%1. Et là les stratégies sont
multiples. Une des clés est assurément de concevoir l'investissement
des laboratoires dans la durée.
1 source : rapport de Michel Leblanc - Mission
Affaires Européennes - 9/09/2004 - bilan au 30 avril 2004
|